«Le jeune Ahmed» - Essaie d’être une bonne musulmanne, et tu seras fière de moi !
«Le jeune Ahmed» de Luc Dardenne et Jean-Pierre Dardenne

Colette Ramsauer | Le dernier film des frères Dardenne, en compétition à Cannes la semaine dernière, aborde les mécanismes de la radicalisation. Dans le même régistre, mais avec un regard différent que André Téchiné dans son dernier film «Adieu à la Nuit» et Marie-Castille Mention-Chaar en 2016 dans «Le Ciel attendra» – qui font manquer à leur protagoniste l’envol pour le djihad – les réalisateurs belges se concentrent sur un cas de radicalisation puis de rééducation d’un jeune adolescent dans un foyer d’accueil. Un souffle d’espoir pour enseignants et éducateurs.
Ablutions et prières constantes
Ils dévoilent le journal effarant d’Ahmed, fanatique d’Allah, fasciné par la mort d’un cousin martyre en Syrie, le rituel d’ablutions et de prières constantes qu’il s’inflige. Encouragé à la mosquée par des adultes religieux, haineux des juifs et des croisés, il prie sans trêve en arabe pour mériter le paradis. Pour le gagner, il est prêt à tuer. Dans un centre de rééducation à la campagne, où les éducateurs, la nature et les animaux sont là pour le remettre sur les rails, l’heure de la prière dicte encore ses journées jusqu’au jour où Louise, fille de la ferme avoue être amoureuse de lui. Mais rien n’est simple pour un fanatique d’Allah!
Famille dans le désarroi
Son père décédé, sa mère gère difficilement la situation. Elle est à bout lorsque son fils lui écrit: «Essaie d’être une bonne musulmanne et tu seras fière de moi!» En Belgique comme ailleurs, le cas Ahmed hante des familles musulmannes modérées. Le film de Luc et Jean-Pierre Dardenne démontre combien la radicalisation engendre souffrance et désarroi dans l’entourage d’un islamiste fanatique.
Primé à Cannes 2019
La semaine dernière, avant la projection du film, les frères cinéastes, grands habitués de la Coisette, ont foulé le tapis rouge entourant les deux jeunes acteurs, le duo Idir Ben Addi (Ahmed) et Victoria Bluck (Louise) qui pour leur premier rôle au cinéma évoluent dans un décor de paysannerie pleinement ressenti par les deux cinéastes. Chanceux cette année encore, Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne se sont vu attribuer une récompense, le Prix de la mise en scène. Ne manquez pas le générique, il défile sous un des plus beaux airs de piano de Schubert!
Le jeune Ahmed B, 2019, vo, 84’, 10/14 ans – Drame de Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne – Avec Idir Ben Addi, Myriem Akheddiou, Olivier Bonnaud, Victoria Bluck, Claire Bodson et Othmane Moumen.
Au cinéma d’Oron, les samedi 1er juin à 18h et 2 juin à 16h