« Tambour battant » Fiction de François-Christophe Marzal

Colette Ramsauer |. Après deux énigmes policières, Attention aux chiens en 1999 et Au large de Bad Ragaz en 2004, le réalisateur français François-Christophe Marzal nous emmène dans le charmant bourg valaisan de Saillon pour vivre une intrigue de toute autre nature. Plongée dans le monde musical de la fanfare d’une localité vigneronne qu’il nomme Monchoux. Départ pour 90 min de bonne humeur avec acteurs pro et amateurs, tous bien dans leur rôle.
La droite et la gauche
Inspirée d’une histoire vécue au début des années 70, le film relate les conflits et rivalités que connurent deux clans défendant leur appartenance en période pré-électorale sur deux sujets sensibles: le vote des femmes au niveau fédéral et le référendum Schwarzenbach. Les conservateurs d’un côté, les avant-gardistes de l’autre. A la même époque, la fanfare locale, se préparant pour la douzième fois sans succès à un concours de sélection, devait bien se mettre à l’évidence face à ses limites.
Fanfarons agacés
Alors que le directeur Aloys (Pierre Mifsud), peu enclin aux changements, s’acharne sur la mauvaise voie, une partie de ses fanfarons agacés quitte la fanfare pour rejoindre un nouvel ensemble que crée Pierre (Pascal Demolon), un natif du village de passage chez son père le Dr Cretaz (Jean-Luc Bideau), vieillard malvoyant. L’intrigue est pimentée par les histoires de coeur que vivent Marie-Thérèse épouse d’Aloys et sa fille avec les protagonistes. Les clichés ne manquent pas dans le film dont le scénario aurait convenu dans un autre temps à Louis de Funès.
La ceinture et les bretelles
Tissu social servant habituellement à resserrer les liens entre les habitants, la fanfare locale les désunira dans un climat de politique on ne peut plus tumultueux. Jusqu’au moment où, après en être venu aux mains, Pierre fera remarquer à Aloys que ceinture + bretelles retiennent trop son pantalon. Tout rentrera dans l’ordre autour d’un verre de vin. Au rythme des cuivres et des percussions, les séquences sont tournées avec une majorité d’acteurs amateurs bien dans leur rôle défilant dans les rues en dédales du charmant bourg de Saillon (élu plus beau village de Suisse romande en 2013).
Nos acquis
Dans l’esprit du lieu, au sein des familles, dans les caves ou sur la place publique, le film nous fait revivre une période qui a marqué notre histoire nationale au moment où scrutin sur le droit de vote des femmes et référendum sur l’expulsion des travailleurs étrangers catalysaient les peurs dans le pays et animaient les passions dont les acquis nous servent quatre décennies plus tard à poursuivre la lutte pour des droits fondamentaux.
Le film de l’été à ne pas manquer! «Tambour battant» CH, 2019, 91′, VF, 8/12 ans
Fiction de François-Christophe Marzal avec Jean-Luc Bideau, Pierre Mifsud, Sabine Timoteo, Pascal Demolon et Amélie Peterli
Au cinéma d’Oron, le samedi 29 et dimanche 30 juin à 18h
