Vaud – Le canton redéfinit l’enseignement à distance
Face à ce bouleversement scolaire

Thomas Cramatte | Voilà maintenant 25 jours que les écoles ont fermé leurs portes pour lutter contre la propagation du coronavirus. De nouvelles directives ont été annoncées pour harmoniser l’enseignement à domicile. Plusieurs solutions sont mises en place afin de faire face à ce bouleversement scolaire. Cadre défini, nouveaux outils de travail et uniformisation du temps d’école, le but est de diminuer la charge scolaire des parents et des élèves. Les débuts de l’enseignement à distance ont généré de nombreux problèmes. Entre panne de la plateforme informatique Educanet2 et tension émanant des parents, la transition n’a pas été de tout repos. Depuis le début des restrictions fédérales, le système scolaire vaudois se réorganise intégralement pour coordonner les quelques 137’000 élèves et 13’200 enseignants à distance. Une visioconférence avec la presse a permis de clarifier le futur de l’enseignement à distance.
A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles
L’ensemble du système de formation suisse s’accomplit dorénavant à distance. Si l’on observe des différences importantes entre les cantons, la conseillère d’Etat vaudoise Cesla Amarelle tient un discours rassurant. « L’année sera prise en compte même si l’enseignement se poursuit uniquement à distance. J’aimerais vraiment lever cette pression sur les élèves, les enseignants et les parents et leur dire que nous sommes tous conscients que l’on ne pourra pas suivre le programme comme si de rien n’était ». La cheffe du DFJC (Département de la formation, de la jeunesse et de la culture) nous fait part des mesures prises pour maintenir un enseignement le plus fidèle possible : « Il faut prioriser les matières du plan d’étude romand, il n’y aura plus de notes qui comptent pour la moyenne et les épreuves cantonales de références (ECR) sont annulées, les outils doivent s’harmoniser pour permettre une égalité des chances entre élèves ». Pour le Conseil d’Etat vaudois et la DFJC, l’objectif est clair: il faut consolider les connaissances des écoliers pour que ceux-ci soient prêts pour l’année suivante. En d’autres termes, il ne s’agit pas d’enseignement à distance, mais plutôt de révision à domicile. La visioconférence a permis de clarifier le temps de travail indicatif à consacrer quotidiennement en fonction de l’âge et de l’année. Ainsi, les élèves de la 1re à la 4e doivent consacrer entre 60 à 120 minutes à l’école à distance. Ce temps augmente progressivement pour atteindre 3 heures pour le secondaire. « Il est important de respecter ces durées d’enseignement pour tenir sur la longueur et ne pas essouffler les élèves », note la conseillère d’Etat Cesla Amarelle. En effet, si la fermeture des écoles s’étend au-delà du 19 avril, la DFJC veut maintenir la motivation des écoliers et celle des parents.

Du côté des parents
Si dans la majeure partie des cas, l’enseignement à la maison a été bien accueilli, certains parents ont reproché une surcharge de travail infligée par les enseignants. La première semaine qui a suivi la fermeture des écoles n’était pas encore uniformisée et peu d’outils permettaient un cadre d’enseignement précis. « Les premiers moments de mise en œuvre ont été réalisés dans l’urgence. Il s’agit maintenant de renforcer la stabilité de l’enseignement à distance de façon à guider les parents dans la masse des activités proposées », communique Giancarlo Valceschini, directeur général de la DGEO (Direction générale de l’enseignement obligatoire). Pour s’y retrouver, les élèves et leur parent doivent consulter leur agenda. Une plateforme en ligne permet de visionner les travaux à effectuer chaque jour. Si un élève ne possède pas de matériel informatique, les établissements scolaires peuvent fournir gratuitement un équipement adéquat. « On estime à 5% les élèves dans le besoin », précise Giancarlo Valceschini. L’enseignement à distance s’exécute sur trois plateformes en ligne : TeamUp, pour la gestion du temps, Educanet2 pour l’envoi des travaux et les corrections et Zoom pour les visioconférences.
Du côté des enseignants
La fermeture des écoles intervient après plus de la moitié de l’année, la fin du deuxième semestre est en général qualifié de période de révision. Aucun moyen de contrôle actuel des travaux ne peut être efficace à distance, c’est pour cette raison que les notes et les ECR sont annulées. Mais pour les enseignants, cela ne rime pas avec moins de charge de travail, car les exercices demandent préparation et corrections. Une multitude d’outils permettent aux professeurs d’envoyer des exercices à leurs élèves. « Normalement, les applications de messageries ne sont pas autorisées pour communiquer avec les élèves, mais si cela peut simplifier les corrections des travaux. On fait avec en attendant une application fournie par la DGEO», explique Cristina Eber-hard, enseignante à l’établissement primaire et secondaire de Puidoux. La plateforme Educanet2 est à nouveau fonctionnelle et permet d’envoyer les travaux et dossiers aux élèves. De nouveaux outils ont également été mis en ligne cette semaine.

Examens de fin de scolarité
Deux hypothèses sont envisagées : les examens seront soit repoussés, soit annulés. Le Département de la formation n’a pas encore pris de décision.
« Pour ma part, je cerne les besoins par rapport aux examens de 11e, mais je n’insiste pas de la même manière qu’en classe. Car on s’est rendu compte que la situation ne permettait pas le même enseignement qu’en classe», explique Cristina Eberhard. Les documents à imprimer sont limités ou envoyés par la poste afin de ne pas pénaliser les foyers ne possédant pas d’imprimante. La préoccupation première du Département de la formation est de soigner la relation parent – enfant – enseignant. Le canton de Vaud étant considéré comme pionnier dans l’enseignement à distance, cette situation permettra peut-être de faire encore une avancée dans ce sens-là.
Plus d’informations
• La DGEO a mis en place une hotline pour toutes questions relatives à l’enseignement à distance. 021 338 08 08. Disponible du lundi au vendredi de 8h à 20h.
• Le SPJ (service de la protection de la jeunesse) propose un service de conseils professionnels aux parents qui rencontreraient des difficultés avec leurs enfants. 021 644 20 32. Disponible du lundi au vendredi de 8h à 20h.
Postobligatoire toujours dans l’incertitude
L’enseignement postobligatoire s’adapte et la sécurité des apprentis est renforcée. Les 65 commissions professionnelles sont chargées de surveiller les entreprises formatrices par des contrôles obligatoires sur leur lieu de travail. Le but est d’assurer que les apprentis soient avant tout occupés à se
former et que les distances de sécurité soient respectées. Le maintien des examens de fin d’apprentissage et de maturité sont pour l’heure toujours en attente de décision. La recherche de solutions s’applique au niveau national. La Confédération souhaite dévoiler la suite de la procédure d’ici Pâques. Pour les formations gymnasiennes, les examens peuvent se dérouler en juin et c’est pour cette raison que les décisions seront communiquées début mai. Le Département est conscient que la situation exceptionnelle engendre beaucoup d’inquiétudes et c’est pourquoi les autorités mettent tout en œuvre pour que cette interruption ne porte pas préjudice aux jeunes en formation.