Abstractions plurielles des années 1950-1980
Au Musée d’Art de Pully jusqu’au 21 novembre

Pierre Jeanneret | Cette exposition de 75 œuvres, appartenant à la Fondation Gandur pour l’Art, propose un parcours à travers les tendances plurielles de l’abstraction picturale, pendant une période qui correspond en gros aux Trente Glorieuses.

On constate une effervescence artistique après la Seconde Guerre mondiale. Dans les années cinquante, ce sont les Etats-Unis qui s’affirment comme porte-parole de l’art abstrait. Le visiteur est accueilli au premier étage du Musée par une grande toile de Hans Hartung, où tachisme et coulage de peinture à dominante bleue créent un effet d’une grande intensité. Puis c’est Georges Mathieu, dont l’œuvre est caractérisée par la rapidité du trait. On appréciera aussi la touche épaisse des tableaux du Canadien Jean-Paul Riopelle, aux vives couleurs posées au couteau. La tendance géométrique est bien représentée par Georges Poliakoff, avec ses larges aplats de couleurs. Bien qu’elles aient donné lieu à d’innombrables posters que chacun-e a pu voir, les travaux de Victor Vasarely constituent l’un des moments forts de l’exposition. La très grande rigueur de ses toiles, leur limitation à deux ou trois teintes, leurs effets de trompe-l’œil, parfois l’usage d’éléments légèrement en relief continueront longtemps à séduire un large public. La présentation propose aussi des pièces en trois dimensions : les « sculptures cinétiques » d’Alexander Calder et Jean Tinguely. Une salle est réservée aux œuvres sur papier. On peut y admirer des encres de chine de Pierre Soulages et Jean Dubuffet, particulièrement connu pour avoir proposé le concept d’Art Brut. Quant à Henri Michaux, il a réalisé tant ses dessins que son œuvre écrit sous l’influence de substances hallucinogènes. Antoni Tapiès, lui, joue à la fois sur les couleurs et sur le traitement de la toile, en utilisant notamment des enduits sableux. D’autres artistes recyclent dans leurs tableaux des morceaux de toile collés. On notera aussi l’usage intense de nouvelles techniques : truelle, spatule, couteau ou lame de rasoir remplacent le traditionnel pinceau. Simon Hartaï, dans son « Manteau de la Vierge », obtient des effets de relief en recourant au pliage de la toile. Plus on progresse dans l’exposition, plus on s’achemine vers la nudité la plus totale, comme le montre la toile entièrement brune de Jules Olitski. Il nous faut malheureusement dire que certaines œuvres de la tendance dite « minimaliste » portent bien leur nom… Bref, que l’on adhère ou pas à ces diverses formes de l’art abstrait, l’exposition pulliérane permet au moins de les connaître et de se forger ensuite son jugement personnel sur celles-ci.
« Abstractions plurielles (1950-1980), collection de la Fondation Gandur pour l’Art » Musée d’Art de Pully, jusqu’au 21 novembre (pause estivale 27 juin-7 septembre )




