Une onde d’inquiétude face au déploiement de la 5G à Oron

Gil. Colliard | Des gabarits ont été érigés à Oron-la-Ville, aux Tavernes et aux Thioleyres, suivis dans l’édition du Courrier du jeudi 15 avril, de trois avis de mises à l’enquête publique publiés par la commune d’Oron pour des installations de communications mobiles adaptées aux nouvelles technologies 3G-4G et 5G pour le compte de Swisscom. Ces projets d’implantations sont source d’inquiétude et de questionnement pour la population avoisinante. Quels sont les effets de ces ondes sur la santé, les animaux, le vivant et de l’environnement ? Est-ce nécessaire d’inonder toute la population pour l’utilisation de nouvelles technologies dont de nombreuses personnes n’en n’auront, à priori, pas l’utilité. Ne devrions-nous pas plutôt prendre le chemin de la sobriété numérique et de la responsabilité ?

L’opposition s’organise face au manque de recul
« Nous n’avons pas vraiment de connaissances face aux effets dus à la puissance de ces ondes, sur les humains et les animaux. L’incertitude liée à la 5G fait peur. Nous n’en n’avons pas besoin pour vivre. Il me semble que le développement de la fibre optique serait un choix plus respectueux de la santé. Pourquoi en voulons-nous toujours plus ? » s’inquiète Sophie Boudry, agricultrice à Ecoteaux et mère de famille, qui s’investit dans la récolte de signatures pour s’opposer à ces implantations. Même réaction de la part de Nathalie Chevalley, effectuant aussi le porte à porte avec ses documents d’opposition, et de son époux Laurent, dont la ferme se situe à moins de 200m de l’antenne prévue aux Thioleyres. « Que savons-nous de l’effet de ces ondes sur les gens et les animaux. Quelles preuves peut-on nous apporter qu’il n’y a rien à craindre ? Devant cette incertitude, plutôt que de rester sans réaction, nous avons fait opposition car nous avons des soucis pour nos enfants et notre bétail ». « Je prépare un courrier pour demander une séance d’information » complète le jeune agriculteur.
Si l’on veut plus de lumière chez soi faut-il implanter un puissant lampadaire dans la rue ?
Sur la brèche depuis 2019, Chantal Blanc, de Promasens (FR), présidente et membre fondatrice de l’association Stop5G Glâne, scrute chaque nouvelle mise à l’enquête d’antenne 5G, dans un large périmètre et établit un dossier d’opposition documenté. Elle se définit comme simple habitante interpellée pour la mise en fonction « en douce » de deux antennes à Gillarens et Vauderens, soit à 3 km de distance l’une de l’autre. Une mise à l’enquête à Rue pour un nouveau mât 5G, où ses enfants vont à l’école l’a confirmée dans sa décision d’informer, d’alerter et de combattre ce déploiement alors qu’aucune garantie de non-impact sur la santé et l’environnement n’a été apportée. « En novembre dernier nous avons créé Stop 5G Glâne, afin de donner un côté formel à notre engagement. Nous avons actuellement bouclé 25 dossiers d’oppositions. Depuis une année, nous surveillons l’arrivée de ces trois nouvelles implantations dans la commune d’Oron, à la Municipalité de laquelle, nous avons transmis plusieurs documents importants. Nous ne sommes pas technophobes, nous avons des arguments pertinents au niveau juridique et technique à faire valoir légalement. Lors des oppositions collectives, nous informons les citoyens (ennes), afin qu’ils puissent décider en toute connaissance de cause, notre but est de créer de nouvelles cellules locales et régionales. La 5G est un tournant vers un avenir d’un nouveau modèle de société du « Tout connecté ». Inacceptable, alors que notre seule obsession devrait être la sobriété numérique et la mesure de l’impact de notre empreinte écologique. Le futur marché juteux pèse des milliards, mais ce n’est pas une raison valable d’arroser tous les habitants. Le cadre légal actuel n’est pas adapté à cette nouvelle technologie, il n’y a plus de garde-fou. Le principe de précaution est mort en Suisse le 23 février 2021 à la suite de la publication des facteurs de réduction, qui vont
permettre aux opérateurs d’émettre au-delà des 5Volt/m en « jouant » sur des moyennes obtenues à Berne par un tour de passe-passe politique. Cela me prend le 50 % de mon temps, mais en tant que maman, j’ai promis un autre avenir à mes enfants » s’engage avec conviction la militante. Craintes justifiées ou antennes inoffensives, technologie nécessaire au développement numérique en cours ou nouveaux besoins créés par le lobby de la téléphonie pour dégager de nouveaux bénéfices à grands renforts de publicités ? La 5G interpelle sur l’orientation que nous voulons donner à la société de demain. Sera-t-elle hyper connectée ou effectuera-t-elle un retour aux sources de la vie ?

