Balade – Le fort d’artillerie de Champex (VS)

Le lac de Champex – © Pierre Jeanneret
Pierre Jeanneret | On ne présente plus le lac de Champex, bien connu, l’un des plus beaux plans d’eau de montagne à 1500m d’altitude, à la fois animé et calme, très apprécié des familles. Mais sait-on qu’à proximité est situé un fort d’artillerie ? Il a été construit dans le roc d’octobre 1941 à décembre 1942 et répondait à l’esprit du Réduit national institué par le général Guisan, vu les plans d’invasion de la Suisse par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Il n’était pas un élément isolé, mais faisait partie de tout un réseau de fortifications et était notamment en contact avec l’immense fort de Dailly. Puis, pendant la guerre froide, il fut modernisé et adapté à la guerre nucléaire. Classé « secret » jusqu’en 1999, ensuite désaffecté, il fut repris par l’Association Pro Forteresse. Il peut aujourd’hui être visité. Nous n’enfreignons donc dans cet article aucun secret militaire…

Le dédale de couloirs avec les lavabos – © Pierre Jeanneret
On pénètre dans le fort par une entrée camouflée en rocher. Puis on suit un labyrinthe de longs couloirs bétonnés. Ceux-ci sont marqués par de nombreux coudes, afin de limiter les dégâts provoqués par une éventuelle explosion due à un accident interne ou par un tir ennemi. On traverse plusieurs salles contenant notamment d’imposantes génératrices d’électricité fonctionnant au pétrole, ainsi que d’immenses réservoirs d’eau et de combustible, puis les réserves de munitions. On accède enfin à une batterie de 10,5cm, pouvant tirer des obus jusqu’à 20km. Celle-ci avait pour but de détruire, si nécessaire, la route du Grand-Saint-Bernard, pour éviter l’intrusion de chars blindés sur le territoire suisse. Le tir à cette distance était bien sûr indirect, c’est-à-dire que les servants du canon ne voyaient pas la cible. Une série de cibles étaient préprogrammées, ce qu’on verra dans la salle des cartes, dans celle du calcul de tir et dans la centrale de communication téléphonique. On constate que, bien sûr, pendant la Seconde Guerre mondiale, et jusqu’à sa fermeture, le fort ne jouissait pas de l’informatique ! Dans un autre axe est installée une batterie de 7,5cm à tir direct, notamment antichars, pour empêcher une pénétration ennemie depuis le Val Ferret. Pour sa défense extérieure, le fort disposait de fortins extérieurs d’infanterie (que l’on ne visite pas) équipés de mitrailleuses et de lance-mines de 8,1cm.

La batterie de 7,5 cm – © Pierre Jeanneret
Au retour, on peut voir les « lieux de vie » de la fortification, conçus pour abriter 150 hommes : une grande cuisine, le réfectoire de la troupe, le mess des officiers avec sa table recouverte d’une nappe blanche et sa vaisselle, les dortoirs (avec trois lits superposés bien exigus) pour loger la troupe, la chambre du commandant de compagnie. On remarque que les WC sont antérieurs à la féminisation de l’armée suisse ! L’ensemble représente 600m d’installation. On parcourt donc une véritable ville souterraine secrète creusée dans la montagne. Pour cette visite guidée d’environ une heure, on fera bien de se munir d’une « petite laine », car la température qui y règne est de 14 degrés.
Visites à quelques dates en juin, puis du 1er juillet au 31 août, du mercredi à dimanche à 14h et 16h30, les 4 et 5 septembre à 16h30. Toute l’année, visites de groupes (minimum 10 personnes) sur réservation. Pour plus de précisions, s’adresse à l’Office du tourisme : champexlac@saint-bernard.ch