Amitié, solidarité et remerciements
N.By | Le 8 janvier, la ferme de la famille Cherpillod a été en proie à un incendie. L’habitation et une partie du rural ont été détruites. Le mur mitoyen existant n’a pas empêché la propagation de l’incendie aux deux bâtiments. Une hypothèse est que le feu aurait pris dans un chevron auquel était fixée une bague de maintien de la cheminée de chauffage du logis. C’est Ryan Cherpillod, 10 ans, seul membre de la famille présent à la ferme ce soir-là, qui a eu la présence d’esprit d’évacuer le bétail, heureusement en stabulation libre. Il s’est aussi précipité pour apporter un extincteur à Darek, un employé, qui tentait d’éteindre les premières flammes. Ensuite ce dernier a encore réussi à libérer trois vaches attachées pour cause de tarissement dans leurs logettes, une opération particulièrement difficile avec des animaux terrorisés tirant sur leur licol. L’alarme a été donnée à 21 heures. Vingt minutes plus tard, les pompiers étaient sur place. Ils ont réussi à ériger un rideau d’eau de plus de 40 mètres de long, protégeant ainsi tout le matériel agricole lourd abrité dans la grande remise attenante. Le feu a détruit la ferme sur sa longueur, du côté de l’étable. La charpente métallique du bâtiment sera expertisée par un ingénieur pour déterminer si elle est réutilisable. Le bétail, 69 vaches et 26 veaux, a été accueilli par des agriculteurs de la région, mais un gros problème se pose désormais au niveau de la commercialisation du lait. L’acheteur était Crémo. Des tractations sont actuellement en cours dans la région pour créer une grande fromagerie intersociétés de laiteries produisant du gruyère. Dans l’intervalle, suite à l’incendie, Yvan Cherpillod et son fils Gary ont sollicité un quota laitier provisoire auprès de l’Interprofession du Gruyère; le comité de direction de cet organisme a refusé au motif que cela pourrait créer un précédent. Dès lors, la seule solution était de passer en lait industriel à cinquante centimes au litre, une option impraticable pour la famille Cherpillod du fait des charges financières qu’elle devra assumer dorénavant. Cela implique la vente des vaches et c’est un crève-cœur pour des éleveurs.
La ferme sinistrée a été modifiée et agrandie par étapes dès 1982, avec un système d’attaches canadiennes. En 2000, décision est prise de passer en stabulation à logettes pour pouvoir installer une salle de traite. N’ayant pas eux-mêmes un troupeau suffisant justifiant cet investissement, ils ont agrandi le bâtiment pour accueillir un agriculteur ne souhaitant pas construire lui-même, mais d’accord de louer un espace et d’y mettre son bétail pour profiter des facilités de travail. L’opération s’est renouvelée plusieurs fois et ce sont jusqu’à quatre agriculteurs qui ont collaboré au sein du bâtiment.
La famille Cherpillod est émue jusqu’aux larmes par l’amitié et la solidarité que lui témoignent de très nombreuses personnes. Un logement meublé leur a été mis à disposition au village. Encore actuellement ils reçoivent en cadeau des aliments, voire des plats entiers pré-cuisinés, des vêtements. Le souci premier d’un éleveur est son bétail et celui-ci a été immédiatement pris en charge par des collègues. A toutes ces personnes ainsi qu’aux pompiers qui ont réalisé un travail extraordinaire durant l’incendie la famille Cherpillod tient à adresser ses plus vifs remerciements.
Un long et pénible chemin de croix, c’est ce qui attend maintenant cette famille sinistrée. Les factures, les échéances financières vont continuer d’arriver et il faudra y faire face. Il est bien connu que les saisons passent plus vite que n’arrivent les décisions administratives en matière d’autorisations de construire. Pour le moment, il s’agit de se procurer les produits et articles courants de première nécessité, et l’on ne peut que remercier et féliciter la Municipalité de Vulliens d’avoir ouvert une souscription pour aider la famille Cherpillod.