Ce vin qui naviguait à la voile sur le Léman

Gérard Bourquenoud |. Le transport des vins dans l’ancien temps était soumis aux fluctuations du marché. Et comme la production vaudoise était supérieure à la consommation, il a donc fallu exporter d’abord vers les cantons de la Suisse et même outre-Jura. Selon André Champ qui a relaté le commerce du vin dans le livre «Arts et Métiers du vin», Editions Cabédita à Yens, à l’époque savoyarde, certains vignerons expédiaient sur la rive opposée les récoltes de leurs domaines vaudois. Pour ce faire, les barriques naviguaient à la voile sur le Léman. Jusqu’au XVIIIe siècle, le vin pouvait rester en cave assez longtemps jusqu’à ce que le propriétaire puisse trouver un charretier sérieux et que son personnel ne siphonne pas les tonneaux qui lui étaient confiés. Et pour être certain que la cargaison arrivait intacte à destination et d’autre part pour éviter que le vin ne soit fraudé, les barriques chargées sur des péniches ou des bateaux à voile subissaient des prélèvements en cours de route, car trop de transporteurs profitaient de goûter tous les vins et que parfois ils étaient en état d‘ébriété. C’est de là que vient l’origine de l’expression bien vaudoise : « Etre sur Soleure… »