Ciné-doc
La saison débute avec Garçonnières de Céline Pernet

Charlyne Genoud | Au cinéma de la grande salle de Chexbres, l’ouverture de la saison ciné-doc se fait ce vendredi avec Céline Pernet et son documentaire Garçonnières, un film tentant de sonder le rapport à la masculinité d’hommes âgés de trente à quarante ans.
Un homme de notre époque
Dès le départ, les règles du jeu sont posées en voix over par la réalisatrice : Céline Pernet va questionner des hommes de sa génération ayant répondu à une petite annonce, pour essayer de les comprendre. Une nouvelle manière d’aborder l’autre, de le percevoir et de le raconter pour la trentenaire. Les questions sont similaires pour chacun, fonctionnant dès lors presque comme un sondage ou une recherche scientifique. Ceci fait écho à la deuxième casquette de Céline Pernet, qui est anthropologue en plus d’être réalisatrice. Assez globales, elles vont de « c’est quoi être un homme au XXIe siècle » à des questions sur leur intimité, leurs rapports amoureux ou sexuels. Regroupées par thématiques, les réponses de ses protagonistes permettent ainsi de ré-entendre des discours fréquents sur la masculinité, et d’en découvrir parfois des nouveaux. Entre ces prises de paroles face caméra dans les intérieurs de ces messieurs, Céline Pernet propose des transitions qui réhaussent les couleurs de son film. Il s’agit lors de ces interludes d’imager les mondes masculins tacitement fermés à une présence féminine, ou du moins difficilement pénétrables. Ces plans larges et fixes montrent par exemple des jeunes garçons en train de frimer, puis de se dégonfler sur un plongeoir, ou encore des ouvriers au travail.
De l’intime à l’universel
Céline Pernet se raconte aussi elle-même par ce long-métrage, en expliquant par instants sa quête, et les questionnements qui motivent son film. Ceci passe par une introduction sur son éducation plutôt traditionnelle, celle d’une petite fille à qui l’on a appris, comme à beaucoup d’autres, à se rêver princesse puis à rêver mariage. La narration de son histoire personnelle, qui semble assez universelle, permet ainsi de mettre en perspective les propos masculins qui constituent le long-métrage. Ce film qui a fait sa première au festival de documentaire nyonnais Visions du réel permet ainsi un état des lieux des rapports à la masculinité d’une génération.
« Garçonnières» de Céline Pernet Suisse, 2022, 90’ VF, 12/16 ans
Vendredi 30 septembre, à 20h30 au cinéma de la grande salle de Chexbres
En présence de la réalisatrice

