Entre masques et désinfectants, les coiffeurs reprennent les ciseaux
Réouverture des commerces

Thomas Cramatte | La réouverture des salons de coiffure était attendue par beaucoup. Après six semaines d’interruption, les professionnels de la branche sont heureux de reprendre du service. Au même titre que les salons de massage, de tatouage et de beauté, les coiffeurs adaptent leur métier pour faire face aux directives sanitaires. Deux salons de la région nous ont ouvert leurs portes au cours de cette première semaine de reprise. Entre sourires masqués et timides, retour au travail, ce service à la personne emboîte le pas de l’après confinement.
Ambiance protectrice
A peine arrivé devant le salon «Coiffure du Bourg» à Chexbres, que les premières consignes liées à la pandémie annoncent la couleur. Apposées sur la porte vitrée, elles laissent à peine entrevoir l’intérieur du salon. Une fois la porte franchie, l’odeur de solution hydroalcoolique est omniprésente. La boîte de masques séjournant sur une table en plein milieu du hall d’entrée rappelle que, pour aller plus loin, il faut s’équiper en conséquence. Le Conseil fédéral a édicté un manuel pour tous les commerces autorisés à rouvrir. Ces mesures doivent cependant être adaptées en fonction des professions. Et s’il y a bien un endroit où les contacts humains sont nombreux, ce sont les salons de coiffure. Du coup, l’organisation faîtière «Coiffure suisse» a établi une série de règles à appliquer. Ainsi, les instruments et les surfaces doivent être désinfectés entre chaque client. Tous les habits en contacts avec les personnes, comme les peignoirs, les gants et les tours de coup, doivent être nettoyés s’ils ne sont pas jetables. Les Gala et autres magazines habituellement si chers aux clients, ont déserté les devantures. Pourtant, si la réorganisation des salons attriste quelque peu leur décor, les clients ont répondu présent à cette douce reprise. «Les services de coiffure sont de première nécessité, le téléphone a surchauffé ces derniers jours», explique Magalie Gaudin.
Plaisir de bavarder

«Hormis mon mari, Magalie est la première personne que j’ai revue depuis le 16 mars», confie une cliente, que l’on devine souriante derrière son masque. Si les protections sanitaires créent une distance à laquelle nous ne sommes pas encore habitués, elles permettent cependant de retrouver une activité professionnelle et sociale. «Cela fait du bien de revoir des clientes», nous confie Rebecca Goumaz, coiffeuse aux côtés de Magalie, à Chexbres. Que ce soit pour les particuliers ou les professionnels, les masques et les solutions désinfectantes sont des denrées rares. Pour le moment, aucuns fournisseurs des salons de coiffure visités sont à même d’en distribuer. «Nous mettons des masques à disposition des clients qui n’en ont pas. Nous n’avons pas eu d’autre choix que de nous en procurer en grande surface», déclare Nathalie Wuillemin, de l’Institut Alézia à Puidoux. Aux frais des salons, le prix du nécessaire sanitaire a considérablement augmenté depuis le début de la crise. Ce qui n’arrange en rien les professionnels de la coupe qui doivent endurer des charges et un mois sans salaire.
Période floue
A l’instar des autres salons du pays, «l’Institut Alézia» et «Coiffure du Bourg» ont une vision encore floue de l’avenir. Le chômage partiel ne rentre pas en ligne de compte pour les indépendants. «Nous avons fait des demandes d’aide à notre allocation perte de gain. Heureusement qu’elles sont intervenues, car je ne sais pas comment j’aurais pu payer le loyer du salon sans ce renfort», soulève Rebecca Goumaz. Habituellement versées pour la maternité et le service militaire, les APG ont exceptionnellement aidé les indépendants dans cette période extraordinaire. Toutes ces mesures impactent la cadence habituelle des professionnels de la frange. Or, le rythme risque d’être soutenu dans une période où tous les citoyens vont avoir besoin d’être bien peignés pour leur retour au travail.