Grève ou manifestation ?
Le monde est bousculé, les repères s’évanouissent et les causes se mélangent. A peine sorti de ce semi-déconfinement, la physicalité s’est révélée un besoin. Sortir, côtoyer des gens, se mélanger à défaut de pouvoir s’embrasser, enflamme la population, et c’est bien compréhensible. Mais l’heure n’est pas encore à la libération totale, les Etats-Unis et le Brésil n’en sont encore qu’aux prémices et la question de la deuxième (troisième ?) vague est encore d’actualité. Pourtant, on parle déjà de voyages… en omettant ceux du virus. La raison n’a plus sa place, l’immédiate et irrépressible envie a pris le dessus. Le goût de la liberté a repris son sens et cette vision, qui semble nouvelle, est louable: un « monde d’après » est en train de naître… Et ici, l’enthousiasme cesse, car la raison l’emporte. Au vu de la manifestation de dimanche qui était censée mettre en avant le premier anniversaire de la grève des femmes, le doute s’immisce. Il s’agissait à la base de porter aux nues l’équité de la femme et de l’homme au niveau salarial comme social. L’an passé, la mobilisation avait surpris tout le monde par son ampleur et son message simple, malgré ses treize points. C’est oublié, la Covid-19, le racisme et autres luttes ont perverti le message de base. Dommage. Ce message s’est brouillé et certain auraient pu titrer « Une balle dans le pied » sans s’en prendre une. Re-dommage, c’est un acte manqué pour une cause noble. Entre grève et manifestation, la journée de dimanche n’a atteint ni la passion de la simple grève de 2019 ni même sa participation. Le titre n’est pas « Une balle dans le pied » mais « Un coup dans l’eau ». Le monde d’après titrera lui-même ou… elle-même.