La 5G dans le district

Suscitant de nombreuses interrogations et faisant polémique depuis son apparition en Suisse, la 5G s’intensifie. Malgré les moratoires cantonaux, on dénombre plus de 3000 antennes équipées de cette nouvelle technologie, contre 300 il y a une année. Mais au vu des réticences des autorités cantonales et des mouvements de contestation, ces installations ne sont que rarement mises en fonction
Mesure de rayonnement
Dans le canton de Vaud, un projet-pilote a été lancé par le Département de l’environnement (DES) en septembre dernier. Son objectif est de mesurer le rayonnement émis par plusieurs antennes 5G. Ainsi, ce sont neuf installations qui ont été retenues de part et d’autre du territoire cantonal: les communes d’Eysins, Jouxtens-Mézery, Onnens, Penthalaz, Lausanne, La Chaux, Lonay, Villeneuve et Yverdon-les-Bains seront étudiées jusqu’en mars 2021. Chaque site possède déjà une antenne active et fera l’objet de mesures précises quant à l’impact dû à leur rayonnement. De cette façon, les habitations, les places de travail, les écoles et les crèches seront analysées afin d’établir la valeur des nuisances électromagnétiques. « Il faut tenir compte des différents types de 5G », précise Christian Neuhaus, porte-parole et responsable des affaires publiques de Swisscom. « Actuellement, le territoire helvétique et le canton de Vaud sont couverts à 90% d’antennes 5G Lite », poursuit ce dernier. S’agissant de la même technologie qu’une version précédente (3G), ces installations subissent uniquement une mise à jour afin d’être compatibles avec la cinquième génération. Ce sont ainsi environ 3000 installations à portée limitées qui sont d’ores et déjà actives dans le pays. C’est pour cette raison que les cartes mentionnent déjà la majeure partie du canton. « Les fréquences émises ne sont pas les mêmes entre ces deux technologies ». La 5G dite Lite, émet des ondes de 2.1 GHz (équivalentes à la 3G), alors que la 5G+ produit des fréquences de 3.6 gigahertz. Si cela peut paraître difficile à imager, les ondes émises par ces technologies peuvent se traduire de la manière suivante : « Plus la fréquence est basse, plus celle-ci se propage dans le territoire, sans permettre une grande vitesse de téléchargement. A contrario, une fréquence plus élevée a moins de portance, mais propose de grandes vitesses de téléchargement », souligne le porte-parole. D’après le rapport de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), la portée limitée des ondes 5G+ nécessiterait la construction d’environ 26’500 antennes pour correspondre à la couverture actuelle de la 4G. Selon l’Office fédéral de la communication, 300 installations 5G+ sont présentes sur l’ensemble du pays.
Permis de construire standard
Dans le district Lavaux-Oron et le Jorat, aucun projet de mesure de rayonnement n’est à l’ordre du jour. « Les dossiers suivent le protocole habituel de mise à l’enquête, sans toutefois que les autorisations puissent être délivrées », informe Olivier Sonnay, conseiller municipal en charge des constructions et vice-syndic de la commune d’Oron. Les exécutifs vaudois appliquent le règlement cantonal et sont dans l’obligation d’engager les procédures d’enquête publique à chaque nouvelle installation. « Le dossier de la 5G reste très sensible dans la région, pour preuve, lors de chaque mise à l’enquête, on a observé plusieurs oppositions représentant environ 200 signatures ». Pour rappel, le principe de précaution instauré par le Conseil d’Etat vaudois fin 2019 invitait les communes à soumettre tous les dossiers à l’enquête publique. Les autorités cantonales montraient ainsi leur volonté de maintenir des valeurs limites de rayonnement afin de garantir la protection de la population. Malgré cela, des interventions mineures sur les antennes existantes pouvaient passer entre les gouttes de la procédure. Les cas dits de bagatelle ne sont donc pas obligatoirement mis à l’enquête. « Pour l’Etat de Vaud, ces cas n’entraînent pas d’augmentation de l’exposition au rayonnement. Mais le gouvernement invite toutefois les communes à soumettre à l’enquête publique tous les travaux concernant la 5G », détaille Christian Neuhaus. Si certaines communes n’appliquent pas le protocole d’enquête publique pour les cas de bagatelle, Oron a de son côté exigé de suivre le moratoire cantonal. « L’adaptation d’une antenne en installation 5G Lite à Palézieux-Village a été effectué. En raison de la diffusion sur les anciens canaux (2.1Ghz), celle-ci ne nécessite pas d’autorisation », informe le municipal en charge des constructions. Deux autres emplacements ont été mis à l’enquête en 2019 et 2020 sans pouvoir obtenir encore de permis de construire, les dossiers étant retenus au canton. Trois autres demandes au moins sont sur la table de la Municipalité et nécessiteront une enquête publique en 2021. Devant la complexité des dossiers et le nombre important d’oppositions, les opérateurs téléphoniques reportent régulièrement leurs interventions. Le 7 novembre dernier, le projet de construction d’une antenne de communication mobile au sommet d’un immeuble de Puidoux avait vu une opposition déposée munie de pas moins de 272 signatures. La mise à l’enquête avait suscité la crainte du voisinage du chemin de Publoz. Car pour les opposants, la fibre optique doit être privilégiée et la proximité de l’antenne avec le collège du Verney risquerait de nuire au bon développement des 500 élèves sur le long terme.
Réseau durable
Une année et demie après les premiers mouvements de contestation à l’encontre de la cinquième génération de téléphonie mobile, la situation n’est toujours pas simple. Que cela soit pour les autorités fédérales, cantonales et communales, les opérateurs et les citoyens, le dossier 5G croît plus vite que le nombre d’installations désirées par les services de téléphonie. D’ici fin 2021, un rapport réalisé par le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC), présentera les possibilités d’aménager un réseau de téléphonie mobile dans le respect des principes du développement durable. Selon le DETEC, ce document devrait fournir une meilleure base de décision pour le futur de cette technologie, cela même alors que certains parlent déjà de 6G.
