La Mostra de Venise 76e édition
Un festival qui se moque bien de #MeToo

Colette Ramsauer |. Cette année, la Mostra qui vient de s’achever n’a présenté que deux films de réalisatrices sur 21 en compétition section Venezia 76 pour le Lion d’Or. C’est que le festival italien n’a pas signé, comme beaucoup d’autres, la Chartre de l’égalité des genres et de la diversité dans les festivals de cinéma. Peu sensible aux revendications de #MeToo, la Mostra a soulevé une autre polémique avec la présence en compétition de « J’accuse » du réalisateur Roman Polanski. Toujours poursuivi par la justice américaine pour le viol d’une adolescente en 1977, le cinéaste n’a pas fait le déplacement en Italie où il risque l’arrestation. Le directeur de la Mostra, Alberto Barbera, a défendu son choix. « Nous sommes là pour voir des oeuvres d’art, pas pour juger le réalisateur », a-t-il plaidé. Peu convaincant depuis l’annonce après coup du film «The Birth of a Nation» du cinéaste américain Nate Parker, condamné en 1999 puis acquitté en 2016 pour viol d’une jeune fille de 18 ans qui s’est suicidée par la suite. La Mostra a également décidé de montrer une nouvelle version du film «Irréversible» de Gaspar Noé. Le film raconte une vengeance après un viol insoutenable de dix minutes. Comme pour en rajouter, le Lion d’argent, grand prix du Jury a été attribué au film de Polanski «J’accuse» reconstitution de l’affaire Dreyfus, à travers laquelle le cinéaste semble se justifier.
Parmi les films marquants
Le Lion d’Or revient à «Joker», psycho-thriller de Tod Phillips avec Joaquin Phoenix (dès le 9 octobre dans les salles romandes). Pas de récompense pour «Ad Astra», incroyable aventure dans l’espace, de James Gray avec Brad Pitt (dès le 18 sept), pas plus pour l’excellent «The Laundromat», de Steven Soderbergh avec une majestueuse Meryl Streep, ni pour «Wasp Network», histoire vraie d’agents secrets cubains infiltrés dans leur diaspora en Floride, d’Olivier Assayas avec les brillants acteurs Pénélope Cruz et Edgar Ramírez (photo).
Inauguration de la Cinémathèque suisse à Penthaz
CR. |. Enfin entre ses murs. Le vendredi 6 septembre, la Cinémathèque suisse, centre de recherche et d’archivage, à l’aura internationale, inaugurait ses nouveaux espaces après neuf ans de chantier. Situé à Penthaz dans le Gros-de-Vaud, le bâtiment d’une modernité réussie, compte deux étages et en cache trois autres destinés aux archives, en sous-sol.
Notre mémoire à l’abri. Le week-end passé, le public était invité à découvrir les lieux. Une visite fort intéressante qui a permis aux visiteurs de constater que films, bobines, photographies, affiches et autres documents répertoriés, impressionnants par leur nombre, sont à l’abri de toute menace, dans des locaux high tech du bunker. Entre autres curiosités, ils ont pu apprécier en visionnement des archives du Ciné-Journal suisse, ancêtre du téléjournal entre 1940 et 1975, qui maintenant sont accessibles en ligne. Ils ont pu se rendre compte du travail considérable qu’effectuent, par passion pour le 7e art, quelques dizaines de collaborateurs, dans la recherche et l’archivage en passant par la restauration.