La petite histoire des mots
Ecole

Georges Pop |. La fin des vacances scolaires approche à grands pas et les écoliers romands vont reprendre le travail dès lundi prochain dans certains cantons et une semaine plus tard dans d’autres. Il est cocasse de relever que le mot «école» qui, pour nombre d’élèves, de parents et d’enseignants, est associé à une besogne didactique contraignante et parfois barbante qui nous vient du mot latin «schola» – qui désignait un lieu d’étude, une leçon ou un loisir studieux – est lui-même issu du grec «skholế» (σχολή) qui voulait dire… «arrêt du travail»! Le fait est que chez les Hellènes de l’Antiquité, se cultiver n’était absolument pas considéré comme une corvée mais bien comme une liberté et un privilège. Aussi occupaient-ils leur temps libre, leur «skholế», à discuter de philosophie et de sciences, à se consacrer aux arts, au théâtre, à la gymnastique ou aux affaires publiques. Ces activités intellectuelles et physiques étaient associées à des valeurs de dignité propre à l’homme et jugées très supérieures à celles du travail attaché à la subsistance et aux contraintes du quotidien. Après avoir transité par le latin «schola», le mot réapparut en vieux français sous la forme «escole» au 11e puis au 12e siècle pour désigner un établissement où l’on dispense un enseignement ou encore un groupe d’élèves attachés à un maître. A la même époque, «estre en bone escole» voulait dire avoir une bonne source d’enseignement. Le mot «école» prit sa forme actuelle au milieu du 18e siècle d’abord, curieusement, pour signaler une académie d’équitation. Petite digression sur le mot «gymnase» qui, dans le canton de Vaud mais aussi à Bienne (le gymnase français), définit une école qui prépare ses élèves à la maturité : les gymnasiens seraient sans doute étonnés d’apprendre que ce terme fait allusion à la nudité. «Gymnase» a en effet été emprunté au latin gymnasium, dérivé du grec «γυμνάσιον», (gymnásion), issu de «γυμνός» (gymnós) qui tant en grec ancien que moderne veut dire… tout nu! Chez les Grecs anciens qui exaltaient la beauté du corps, un gymnase était en effet un bâtiment public où les hommes se livraient à des activités sportives dévêtus. Ce n’est que progressivement que les gymnases antiques devinrent aussi des lieux d’études. C’est de ce gymnase antique qui sont aussi issus les mots gymnaste et gymnastique. Quant au vieux «skholế» grec, il est aussi à l’origine des mots scolaire, scholastique et du latin «scholaris» qui a donné en vieux français «escolier», l’ancêtre de notre écolier contemporain. Quant à l’expression «faire l’école buissonnière», elle viendrait du 16e siècle, à l’époque de la Réforme. Les pasteurs luthériens étant pourchassés, ils se mirent à enseigner en cachette dans la nature. De nos jours, cette expression ne s’applique plus aux pasteurs mais aux fainéants indisciplinés qui courbent les cours.