La petite histoire des mots
Amazonie

Georges Pop. |. La forêt amazonienne est en grand péril. Non seulement la déforestation a pris ces derniers mois des proportions alarmantes mais d’énormes incendies la ravagent et les départs de feu ne se comptent plus. Les organisations de défense de l’environnement et même des gouvernements accusent le président Jair Bolsonaro d’être directement responsable de ce désastre, lui qui a sciemment décidé de ne plus protéger mais d’exploiter ces immenses étendues boisées. Mais dans le fond, pourquoi cette vaste forêt primaire porte-telle le nom d’Amazonie? Eh bien nous devons ce nom à un explorateur et navigateur espagnol du nom de Francisco de Orellana. Parti de Quito, en Equateur, avec une troupe de conquistadors à la recherche de plants de cannelle qu’il ne trouva jamais, il finit par atteindre en 1541 les limites occidentales de la forêt puis le fleuve qui ne portaient pas encore le nom qu’on leur connaît aujourd’hui. Il fit construire une embarcation pour descendre le cours d’eau dont il découvrit l’embouchure après une périlleuse navigation de plusieurs mois où périt la moitié de sa troupe. C’est au cours de cette expédition que Francisco de Orellana affirma avoir été attaqué à plusieurs reprises par de sauvages guerrières. Ces embuscades étaient-elle vraiment le fait de femmes? D’hommes aux cheveux longs? D’hommes et de femmes de l’une de ces tribus où tous combattent ensemble contre les intrus? On ne connaîtra sans doute jamais la réponse. Mais le fait est que l’explorateur espagnol crut voir des Amazones, comme dans la mythologie gréco-latine; raison pour laquelle il baptisa le fleuve «Rio Amazonas», ce qui en français veut dire «la rivière des Amazones». Quant à la cruauté de ces guerrières supposées, elle est toute relative lorsque l’on sait qu’en bon catholique Francisco de Orellana, frustré de ne pas avoir trouvé les cannelliers qui lui auraient rapporté gros, jeta ses guides indiens en pâture à ses chiens voraces. Pour en venir aux origines antiques du mot, si l’on en croit le philosophe Aristote qui s’est fait l’écho de la tradition, les Amazones vivaient au nord de l’actuelle Turquie. Elles tuaient leurs enfants mâles car aucun homme n’était autorisé à vivre parmi elles. Une fois par année, les Amazones visitaient les guerriers d’une tribu voisine, les Gargareans pour s’accoupler aux plus beaux d’entre eux. Elles ne gardaient que les filles nées de ces étreintes. Dès l’Antiquité, la rumeur courut que ces farouches guerrières se coupaient ou se brûlaient le sein droit afin de mieux tirer à l’arc en le tenant serré contre leur poitrine tout en chevauchant. Il est vrai que le mot «Amazone» en grec ancien peut vouloir dire «sans sein». Mais c’est sans doute fortuit car ces guerrières n’ont jamais été représentées dans l’art grec avec un sein en moins. En équitation, de nos jours, «monter en amazone» signifie chevaucher avec les deux jambes du même côté du cheval. Cette position fut adoptée par les femmes à partir du 16e siècle mais cette pratique n’a plus cours aujourd’hui ou très rarement tout comme l’usage qui consiste à désigner une cavalière par le substantif «amazone». Notons encore que les «Amazones» sont de jolis perroquets multicolores qui, en captivité, peuvent vivre parfois jusqu’à nonante ans. Il vaut mieux le savoir avant d’en acheter un …