L’abbé Henri Nicod (1920 – 2019) s’en est allé

Une grande créativité et doté d’un infatigable dynamisme
Olivier Campiche | Je vous parle d’un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître. La commune d’Oron-la-Ville devait avoir à peine 700 habitants. C’est une époque où tout le monde se connaissait dans le village et les distractions étaient créées dans le village même. En hiver on se lugeait sur les routes cantonales, les chevaux tiraient les chars des agriculteurs.
Le 4 décembre 1955, l’église catholique était inaugurée et en termes religieux on dit qu’elle a été «consacrée». Son premier curé fut Henri Nicod qui arriva en mai 1956 et c’est de lui que je veux vous parler.
Dernier de douze enfants d’une famille d’agriculteurs du Gros-de-Vaud, ordonné prête, il vient s’installer à Oron. Sa maison, ou si vous préférez la cure, se situait juste au-dessous de l’église. La télévision romande venait d’exister (1954). Les postes pour la regarder étaient rare. De mémoire, il y en avait deux. Un chez Pierre Tésaury, menuisier à La Poya et un autre poste à la Cure. Enfants, on y allait les mercredi et samedi de 5 à 7 heures pour voir les aventures de Rintintin et d’Ivanhoé. On devait facilement être plus de 30 fixés à cet écran dans une salle de la cure.
Bien sûr que l’abbé Nicod prêchait pour sa paroisse, mais son message pastoral était empreint de réalisme et pratiquait l’œcuménisme de terrain. Avant tout c’était un homme bon. Il «évangélisait» de façon toute naturelle, en allant simplement vers les gens et en exerçant sa bonté. Tout le monde l’aimait et il aimait tout le monde.
L’abbé Nicod fit preuve d’une grande créativité et d’un infatigable dynamisme. Les kermesses étaient des événements dans le village. Avec son côté artistique et touche à tout, il créa les vitraux qui se trouvent sur l’arrière de l’église. Par son travail, mais aussi par son charisme, son ouverture et son intégration dans des milieux très divers, Henri Nicod marqua tous les gens qu’il rencontra. Ce formidable noueur de contacts a, de par ses nombreuses connaissances, fréquenté des routes multiples convoyant, entre autres, avec sa moto, des journalistes (Lélio Rigassi) au Tour de France ou au Giro, organisant des messes pour les coureurs avant les départs.
Henri Nicod savait bonifier ses proches. Il portait sur les gens et sur le monde un regard positif et réceptif. Il écoutait, encourageait, consolait. Toujours avec la passion de rendre service.
Il quitta Oron en 1963 pour créer une église œcuménique à Boisy-Lausanne et en 1967 devient réalisateur à la télévision romande. A Genève aussi, il marqua les esprits. Il était si enthousiasme que personne n’osait lui dire non. Comme à son habitude, il savait aller à la rencontre des personnes les plus inattendues et les gens de la «télé» n’étaient pas surpris de le voir confier à Gilbert Bécaud l’animation d’une messe de minuit en Eurovison. Des décennies après son passage à la télévision, les plus anciens demandaient encore: «Vous avez des nouvelles de l’abbé?»
Henri Nicod resta attaché à Oron où il y retournait fréquemment, entre autres, pour se faire couper les cheveux chez son ami Paul. Il quitta notre monde le 25 juillet de cette année. Le parcours de sa vie – plus de 99 ans – laisse admiratif. Celui qui disait : « Depuis ma jeunesse, j’ai toujours eu la passion de rendre service », peut, en arrivant au paradis et sans faire injure à sa modestie, recevoir le maillot du vainqueur (lui qui aimait le cyclisme).
Je tenais à parler de l’abbé, car comme partout où il passa, il marqua par sa personnalité le village et la contrée d’Oron.
La paroisse d’Oron organise une célébration le dimanche 29 septembre 2019.