L’altruisme des assureurs privés ?
Sandra Feal, vice-présidente PS Oron-Savigny | Lundi 1er septembre, en présence d’une soixantaine de personnes, Pierre-Yves Maillard a défendu l’initiative pour une caisse publique. Il a illustré nombre d’aberrations du système de financement de la LAMal. Dans ce système tenu par les assurances privées, les exemples ne manquent pas. Primes perçues en trop mais non remboursées, physiothérapeutes exclus du remboursement, système de tri entre bons et mauvais risques, et dernièrement la CSS s’illustre par des factures tronquées entre l’assurance complémentaire et la LAMal.
Sauf erreur, l’économie privée a pour objectif la rentabilité, la croissance, les profits.
On se demande alors qu’est-ce qui motive une telle campagne contre la caisse publique. Les prestations de soins LAMal ne doivent pas être sujets à bénéfice est-il écrit dans la loi. Seul le coût de la prestation réelle doit être couvert par nos primes. Expliquez-nous alors qu’est-ce qui déchaîne pareil engagement pour pouvoir garder cette part de marché dite «non lucrative»? Serait-ce une porte d’entrée vers quelque chose de nettement moins présentable en toute transparence financière? Le tri des risques? Les complémentaires? Le jeu d’autres artifices et montages financiers?
Le monde économique nous a habitués à laisser à l’Etat ce qui était non rentable pour s’accaparer lui ce qui l’était. Qu’est-ce qui diverge ici? L’attrait d’un marché de la santé totalement libéralisé? Juteux et parfaitement inéquitable? Ce serait tellement profitable pour quelques Conseils d’administration et managers. Humm, un système à l’américaine et si possible avant la réforme d’Obama! Système des plus chers au monde sans garantie de soin pour toutes et tous. Le visage du vrai système libéral.
Si l’emprise des assureurs privés se poursuit, nous nous orientons de manière constante vers une médecine à deux vitesses. N’oubliez pas que les membres des Conseils d’administration de groupes de cliniques privées et ceux des groupes d’assurances privées sont souvent les mêmes. Ils concentrent ainsi leur pouvoir de décision sur la chaîne de financement et de prestataires des soins. Leur influence au Parlement est forte, ce sont les mêmes qui défendaient, il y a peu, la suppression de «l’obligation de contracter». En clair, ils prônaient la suppression du libre choix des thérapeutes. Les réseaux de soins rêvés dans ces milieux correspondent au contrôle des prestations, au pouvoir de les limiter, au contrôle des prestataires de soins et surtout au tri des assurés. Dans cette vision, priez pour être jeune, en bonne santé ou alors clairement fortuné!
Ne vous laissez pas piéger par la propagande des assureurs privés! Les derniers exemples en la matière cités plus haut devraient vous convaincre que la tâche de financement des prestations de soins doit être assurée par une caisse publique. Seul moyen de garantir le corollaire entre les coûts de la santé et de nos primes d’assurance. Ni plus ni moins.
Non, le domaine de la santé n’est pas un marché comme un autre. Quand on se rend à l’hôpital, chez son médecin, on veut être vu comme un patient et non comme un consommateur!