Le 5 juin prochain, la population suisse vote sur cinq objets importants
Christa Calpini | Le premier sujet est la Loi sur la procréation médicalement assistée. Nous avons déjà voté sur cet objet et en avons accepté le principe à une très large majorité. C’est ancré dans notre Constitution. Maintenant nous nous prononçons sur la mise en œuvre, soit la loi d’application. Le but est de permettre à des couples qui pourraient transmettre une maladie héréditaire grave et incurable à leurs enfants, de pouvoir bénéficier d’un examen génétique de l’embryon (conçu par une méthode de procréation assistée) avant son implantation dans l’utérus de la future maman. La plupart des pays qui nous entourent autorisent cette technique, sans que les craintes des opposants se soient concrétisées. En effet, les garde-fous sont solides et personne ne peut s’amuser à faire du tri en fonction du sexe ou de la couleur des yeux. Je voterai un grand OUI à cette loi pour trois raisons principales. En premier lieu, les parents qui mettent au monde un enfant gravement atteint dans sa santé et savent qu’il ne pourra être soigné, portent une lourde croix. Personne ne peut se mettre à leur place. Ils doivent pouvoir choisir d’éviter à leurs autres futurs enfants de souffrir et toute leur famille avec eux. Avec la nouvelle loi, ils n’auront plus à se rendre dans un pays étranger ce qui est à l’évidence une sélection par l’argent. Je dirai aussi OUI à cette loi parce que aucun couple n’est obligé de faire la démarche du diagnostic préimplantatoire si, pour des raisons éthiques ou religieuses, cette démarche est en contradiction avec leurs convictions. Enfin, je dirai oui parce que le paradoxe de cette votation est que tous ces tests génétiques sont autorisés une fois que l’embryon se développe dans le ventre de la mère. Depuis des décennies, les parents peuvent faire une amniocentèse pour détecter les anomalies chromosomiques puis choisir la solution de l’avortement, tout à fait légale jusqu’à douze semaines de grossesse. Entre choisir de ne pas implanter un embryon de quelques jours dans l’utérus et celui d’éliminer un embryon de quelques semaines en plein développement dans le ventre de sa mère, je préfère de loin la première option, ceci d’autant plus que les techniques médicales modernes permettent ce choix.
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Le deuxième objet est le RBI ou Revenu de Base Inconditionnel auquel je voterai NON. C’est une initiative absurde dont le texte vague ne parle que de principes. «La Confédération veille à l’instauration d’un revenu de base inconditionnel. Ce revenu doit permettre à l’ensemble de la population de mener une existence digne et de participer à la vie publique. La loi réglera le financement et le montant du revenu de base». Autant dire que ce texte ne nous dévoile rien. Ni comment ce revenu sera financé, ni quel sera son montant, ni qui y aura droit (les millionnaires, les SDF…), ni si les aides sociales seront supprimées… Quid de toutes nos assurances sociales de nature fort diverse avec les allocations relevant du domaine de l’assurance (maladie, chômage, retraite) alors que les autres sont des aides (logement par exemple). Il ne nous est pas non plus expliqué comment tenir compte de la situation des retraités, des personnes en situation de handicap, des malades, des familles nombreuses… Non vraiment, ce RBI n’est ni réaliste, ni finançable et enlève toute sa valeur au travail.
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Le troisième objet est la révision de la loi sur l’asile. Même si ce texte n’est pas parfait (compréhensible avec un sujet aussi sensible), il amène des améliorations non négligeables dans notre système. En effet, l’accélération des procédures: en 140 jours, la majorité des requérants d’asile seront fixés sur leur sort. Ceux considérés comme réfugiés de guerre auront droit à notre protection, ceux considérés comme migrants économiques seront renvoyés. Finis donc les longs mois d’attente dans les centres cantonaux et les espoirs déçus après de nombreuses années dans notre pays. De plus, la loi prévoit de créer des centres fédéraux dans lesquels tous les services qui interviennent au cours de la procédure seront regroupés avec notamment la présence d’avocats pour expliquer tous les enjeux à la personne concernée. Testé à Zurich, ce système donne des résultats positifs avec une procédure d’asile réduite à 77 jours en moyenne, soit une accélération de près de 40% avec des taux de recours en nette diminution. Je voterai donc OUI à la nouvelle loi sur l’asile, tout en étant toujours profondément bouleversée par ces familles errantes, à la recherche d’un monde meilleur, fuyant la misère ou la dictature, alors qu’elles devraient pouvoir vivre en paix dans le pays de leur naissance.
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Le quatrième objet est l’initiative «Pour un financement équitable des transports». Le projet prévoit d’affecter aux dépenses routières non plus la moitié, mais la totalité de l’impôt sur les huiles minérales, dont les recettes proviennent essentiellement des carburants. Cette somme, estimée à 1,5 milliard par an, n’alimenterait plus le budget général de la Confédération, ce qui entraînerait inévitablement des économies dans d’autres domaines tels la formation, la politique des transports publics ou l’agriculture. Cette initiative crée une concurrence malsaine entre la route et le rail alors que ces deux modes de transport sont totalement complémentaires. Ce sera un NON dans l’urne.
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Le cinquième objet est l’initiative «En faveur du service public». Certes, il faut se battre pour protéger le service public et les services de proximité si nécessaires dans les régions excentrées de notre pays. Mais sans m’étendre sur le sujet, je voterai NON car le contenu de l’initiative est extrême, entrave fortement la liberté des entreprises proches de la Confédération et risque d’avoir l’effet contraire au but recherché.