Mézières – Jeanne Rollinet, nouvelle nonagénaire
Les balades, les sorties, les discussions, les rires entre amies accompagnent son quotidien

Martine Thonney | Ce mois de janvier à Mézières voit une nouvelle nonagénaire en la personne de Jeanne Rollinet. Je l’ai rencontrée dans son joli appartement très fleuri où elle m’a livré quelques éléments de sa vie, tout en m’ayant affirmé auparavant « qu’elle n’avait pas grand-chose à dire »… Rien n’est moins sûr !
Elle est née le 14 janvier 1932. Ses parents Jean-Louis Gilliéron et Suzanne née Pasche exploitaient le domaine de La Praz, sur la route des Cullayes. Trois filles sont nées, Mariette en 1929, Jeanne en 1932 et Renée en 1933. Jeanne fit toutes ses écoles à Mézières : la primaire au petit collège et la prim’sup sur l’actuelle rue du Général-Guisan. Le maître de prim’sup était William Maulaz qui lui laisse un souvenir durable. Son catéchisme s’est terminé par la confirmation conduite par le pasteur Crisinel, figure aussi très populaire par ici. Jeanne avait fortement envie de devenir institutrice, mais en ce temps-là, le papa avait une autorité certaine et n’avait rien voulu savoir de ce désir. Jeanne le regrette, certes, mais conclut que ses soeurs et elle-même n’ont manqué de rien et que l’amour témoigné par leurs parents était immense. Elle aidait donc à la ferme et n’a pas boudé son plaisir de chanter au choeur de dames puis en formation mixte, et de jouer dans la troupe de théâtre réputée « La Caravelle ». Que de beaux souvenirs pleins de rires et d’entrain !
Dans la maison nommée La Répiaz, sur la route de Servion, habitait une famille nouvellement propriétaire, les Rollinet. Un fils, Charles, cuisinier dans les bateaux de la marine marchande suisse venait chez ses parents lors de ses congés. Jeanne fit sa connaissance et bientôt se marièrent. L’appel de la terre ferme se concrétisa et ils prirent en gérance la brasserie « Le Lavaux » à Lausanne de 1960 à 1963. Puis ce fut le restaurant de l’Europe à la route du Simplon de ladite ville que le couple acheta. Charles à la cuisine et Jeanne aussi bien en salle, qu’à l’entretien et la marche de l’établissement dont elle avait la patente. L’immeuble comptait, outre le restaurant, des chambres à louer. Elle garde un lumineux souvenir de ses chambreurs. Beaucoup de travail durant toute l’année et quinze jours de vacances à Noël: les voyages avec son mari l’ont entraînée dans les quatre coins du monde comme un appel du grand large.
Alain, leur fils prit le relais et fut à la tête de l’établissement lausannois. Devenue veuve en 1989, Jeanne resta à Lausanne, puis décida en 2005 de revenir à Mézières, dans la maison que la famille Rollinet avait toujours gardée. C’est là qu’elle se plaît désormais entourée de sa famille – quatre générations – qui habitent aussi La Répiaz. Elle se retrouvait beaucoup avec Renée qui habitait toujours la ferme de La Praz qu’elle a exploitée et remise à son fils François et sa famille. Les balades, les sorties, les discussions, les rires entre amies accompagnaient leur quotidien.
L’imparfait est hélas de mise puisque Renée a quitté cette terre le 11 janvier. C’est donc avec des sentiments teintés de tristesse que l’anniversaire sera fêté. Muriel Préti, municipale et Nicolas Merminod, pasteur ont partagé fleurs, cadeaux et vœux, souvenirs et projets aussi. Nous nous joignons à eux.