«Girl», un drame de Lukas Dhont

Colette Ramsauer | Le scénario s’inspire de l’histoire vraie de Nora Monsecour, danseuse transgenre, qui a collaboré à la réalisation du film. Le jeune acteur du rôle titre Victor Polster, danseur de profession, adolescent qui entre si bien dans la peau du personnage, dit avoir joué ce rôle avec beaucoup d’intérêt pour la cause, et avec passion. Le film est bouleversant.

La danse pour salut

Lara, adolescente introvertie de 15 ans, s’impose une discipline stricte pour devenir danseuse étoile. Avec l’appui de sa professeure de danse qui croit en elle, elle va au bout de ses possibilités physiques: travail acharné, douleur de ses pieds meurtris par les chaussons. Née dans un corps de garçon, elle a pris la décision de changer de sexe avec le recours à l’administration d’hormones et à la chirurgie. Bien que soutenue par la bienveillance familiale, sa patience est à bout alors que la thérapie hormonale progresse peu. A son âge, on veut tout, tout de suite. Son équilibre mental est fragilisé par des rapports humains difficiles. Son premier baiser avec un petit ami la fait rougir de honte, et les réflexions de mauvais goût de camarades de danse, qui veulent la voir nue sous la douche, rendent son parcours professionnel difficile. 

Récompenses et contestaions

«Girl» a remporté le Prix Fipresci (prix de la presse internationale) et la Queer Palm (prix décerné depuis 2010 à Cannes).Sélectionné en section Un certain regard – chapeauté par la Suissesse Ursula Meyer au Festival de Cannes 2018 – il remporta la Caméra d’or, et l’acteur Victor Polster le Prix d’interprétation. Le film a soulevé des contestations au sein de la communauté transgenre qui, selon elle,
traitant d’un cas individuel ne reflèterait pas la réalité, mais conforterait le grand public dans une compassion nocive à leur cause.

«Girl» Belgique, 2018, 105’, vo st, 14/16 ans De Lukas Dhont. Avec Victor Polster, Arieh Worthalter et Oliver Bogart. Au cinéma de Chexbres les 26 et 27 février à 20h30.