Un héros venu d’ailleurs
«Fahim» Biopic de Pierre-François Martin-Laval

Colette Ramsauer | Adapté du roman «Un roi clandestin» histoire vécue, le film est un hommage à Xavier Parmentier, auteur du livre, entraîneur d’échecs, décédé en avril 2016 à Paris des suites d’un cancer. Le réalisateur Pierre-François Martin-Laval (Les Profs 1, 2013, Les Profs 2, 2015, Gaston Lagaffe,2018) nous plonge dans le monde échiquéen. Son film relate la rencontre de Xavier Parmentier avec un enfant prodige venu du Bangladesh. Pour fil conducteur, l’histoire émouvante, drôle et triste d’une naturalisation.
SDF dans la Ville des lumières
Suivons le parcours extraordinaire du jeune Fahim, 11 ans (Assad Ahmed ), enfant d’une famille pauvre, venu de Dacca à Paris en octobre 2008, afin de poursuivre sa formation auprès de l’entraîneur Sylvain Charpentier ( Gérard Depardieu). Après un au revoir à la mère – cruel pour l’enfant – et le passage épineux à la frontière de l’Inde, Fahim et son père Nura – poursuivi dans son pays pour ses convictions politiques – arrivent par les airs à Paris. Ils ne parlent pas français et se retrouvent SDF. Aidés par La Croix Rouge, les voilà finalement au Centre d’échecs de Créteil où Sylvain Charpentier entraîne une poignée d’enfants surdoués. Très vite, Fahim sera reconnu pour ses capacités au jeu.
Depardieu en célibataire attardé
«Il est gros et méchant!» lance le jeune Fahim à son père, après sa première leçon avec Sylvain Charpentier, célibataire attardé, ne vivant que pour l’échiquier et qui régulièrement pousse ses coups de gueule. Lorsqu’il fait trembler la baraque – voilà qui ne surprend pas – l’acteur excelle dans son rôle. Les séquences versant des rires aux larmes, poursuivent deux récits: celui de Nura, qui survit grâce à des petits boulots, combattant pour l’obtention du droit d’asile, et celui de Fahim qui se prépare aux championnats scolaires niveau national, laissant bouche bée son entourage.
Double conte de fée
Alors que les préadolescents rient sous cape ayant remarqué que leur maître est amoureux en silence de sa secrétaire Mathilde – une Isabelle Nanty en éternel bon second rôle -, l’entraîneur au tempérament volcanique tient sa classe à la baguette: «J’ai vu des nains devenir des géants!» et à Fahim, en attente du droit d’asile: «Sans papiers et musulman, t’es mal parti mon gars!». Une franche et saine amitié naît entre l’entraîneur et celui qui remportera le championnat d’échecs des moins de 12 ans, qui sera naturalisé et permettra l’exil à toute sa famille. Autre conte de fées, celui de l’enfant Assad Ahmed, que le réalisateur a sorti d’un camp de réfugiés de la région parisienne pour interpréter le rôle de Fahim. Qu’il tient admirablement.
«Fahim» 2019, F, 107’, vo-f, Comédie dramatique de Pierre-François Martin-Laval- Avec Gérard Depardieu, Isabelle Nanty et Assad Ahmed
