Une solution pour résoudre le manque de professionnels dans les EMS
La pénurie de personnel soignant diplômé dans les établissements médicaux sociaux (EMS) atteint des niveaux inquiétants. Une professionnelle du secteur et députée de Bourg-en-Lavaux propose plusieurs mesures pour inverser la tendance.

C’était bien gentil d’applaudir, mais le personnel soignant a vécu un enfer durant le Covid », commente Florence Gross. Pour cette directrice d’une fondation qui gère trois EMS sur la Riviera, la pandémie n’a fait qu’aggraver une situation qui dure depuis plusieurs décennies : « Cela fait vingt ans que l’on nous parle d’une pénurie de personnel sans que rien ne soit entrepris », s’offusque la députée. Aujourd’hui, tous les établissements médicaux subissent un déficit de personnel. A tel point, que le métier d’infirmier est devenu l’activité proposant le plus de postes vacants. D’après Jobradar.ch, 7453 places de travail étaient à pourvoir à la fin juin dans toute la Suisse.
Pour rendre le métier d’infirmier en EMS attractif, il faut pouvoir le montrer
Florence Gross, députée et directrice de la Fondation Balcons du Lac
Autre élément à prendre en considération, la concurrence entre les divers établissements prodiguant des soins : « La concurrence entre hôpitaux et EMS est importante, sans parler du CHUV, qui possède une meilleure grille salariale et une caisse de pension supérieure », ajoute Florence Gross. Pour remédier rapidement au manque de personnel soignant en EMS, la directrice suggère, via une motion déposée au Grand Conseil, de revoir la manière de promouvoir le métier d’infirmier en EMS.
Formation
La proposition de l’habitante de Bourg-en-Lavaux a pour ambition de former un plus grand nombre d’infirmiers diplômés : « Il est relativement facile de trouver du personnel sans diplôme. Ma motion a pour objectif de former plus d’infirmiers et de proposer des stages en EMS ». Pour qu’un étudiant obtienne un diplôme d’infirmier d’une haute école de santé (HES) ou celui d’assistant en soin (CFC), un stage au sein d’un établissement médical est obligatoire. Seul bémol, du côté des EMS, le personnel autorisé à accompagner les stagiaires manque à l’appel : « Nous devons avoir dans nos institutions des collaborateurs ayant suivi une formation de praticien-
formateur pour accompagner des
stagiaires », détaille Florence Gross.
Souffrant déjà d’un manque d’effectifs pour prodiguer des soins, les EMS peuvent difficilement se séparer d’un de leur membre durant les 25 jours que compte la formation de praticien-formateur : « Sur les vingt infirmiers diplômés que comptent les trois EMS que je dirige, une seule personne est autorisée à accueillir les stagiaires ». L’une des infirmières-cheffes de la Fondation Balcons du Lac forme ainsi un à deux étudiants par année : « Cette collaboratrice doit jongler entre les soins et le management. Il serait préférable de faciliter l’accès à la formation de praticien-formateur pour permettre à plusieurs de ses collègues d’accueillir des stagiaires ».
Il serait préférable de faciliter l’accès à la formation de praticien-formateur
Florence Gross, députée et directrice de la Fondation Balcons du Lac
Le canton en soutien
Pour augmenter le nombre de stagiaires découvrant le métier en EMS, Florence Gross propose que l’Etat subventionne l’engagement d’intérimaire en l’absence de main-d’œuvre (25 jours) ou de créer un collectif de remplaçants diplômés pouvant intervenir : « Il est relativement facile de trouver du personnel au pied levé, mais difficile d’assurer des salaires de 30 % supplémentaires des intérimaires », avoue Florence Gross avant d’ajouter que : « Pour rendre le métier d’infirmier en EMS attractif, il faut pouvoir le montrer ».
Les propositions de Florence Gross sont aujourd’hui renvoyées en commission : « C’est sûrement la commission de la santé-publique qui va se prononcer sur le bien-fondé de mon texte. En d’autres termes, soit le texte poursuit son chemin au Conseil d’Etat, soit il finit à la poubelle ». Cette pénurie de personnel soignant touche toute la Suisse, obligeant les cantons à prendre des dispositions pour améliorer la situation : « J’ose espérer que les autorités cantonales prennent en considération ma motion pour faire avancer les choses ».
Il sera nécessaire pour Florence Gross d’attendre quelques mois avant d’obtenir une réponse. A moins que le programme de législature du Conseil d’Etat propose des solutions dans sa publication en novembre prochain.
Déficit de lits dans le canton
« Le canton de Vaud est l’un des cantons dans lequel le nombre de lits en EMS pour 1000 habitants est le plus bas : « 51.4 lits contre 59.8 en moyenne dans le pays », relève l’annuaire de la statistique vaudoise. En 2019, le personnel soignant des EMS vaudois s’élevait à 4541, contre 4661 en 2020, soit 120 emplois supplémentaires, mais impossible de savoir s’il s’agit d’infirmiers diplômés ou non.