Vaud – 30 millions pour l’agriculture
Thomas Cramatte | Maintien des paiements directs, préservation des sols, détention respectueuse des animaux ou technique d’irrigation durable, voici quelques exemples des projets présentés par le Département de l’économie, de l’innovation et du sport (DEIS). Le conseiller d’Etat, Philippe Leuba, a d’abord dévoilé l’efficacité des mesures de soutien avant de détailler la politique agricole pour les deux prochaines années. Un nouveau crédit-cadre de 30 millions devra notamment être validé par le Grand Conseil vaudois.

La loi oblige que le Conseil d’Etat soumette au Grand Conseil un rapport une fois par législature : « Malgré un contexte toujours plus compliqué, la politique vaudoise a été particulièrement ambitieuse et les résultats que nous pouvons en tirer aujourd’hui sont largement satisfaisants », se réjouit le conseiller d’Etat, Philippe Leuba. Derrière Berne, le canton de Vaud se place sur la deuxième marche du podium en terme de création de valeur économique agricole. A ce propos, le chef du DEIS détaille les enjeux de cette précédente législature : « Le maintien des paiements directs, l’évolution des structures agricoles et la pression de l’opinion publique et des consommateurs ». En 2011, seuls 6 % des paiements directs fédéraux étaient injectés dans l’agriculture vaudoise, contre 24 % en 2018. Cette importante augmentation résulte d’une agriculture plus verte : « Les producteurs et l’association Prométerre ont accepté cette adaptation en faveur d’une production plus respectueuse de l’environnement », souligne le conseiller d’Etat, avant de répéter à plusieurs reprises que cela doit être réalisé sans perte de productivité : « L’objectif de l’agriculture vaudoise est d’être nourricière. Si nous voulons vendre nos produits, il faut un acheteur. Et ce dernier est toujours plus exigeant en matière de normes écologiques ». Pour le canton, il est important d’intégrer l’agriculture vaudoise dans un environnement socio-économique. A ce propos, Philippe Leuba exprime que nombreux sont les paysans ne savant plus à quel saint se vouer : « Je comprends leur énervement, ils sont régulièrement confrontés à des instructions incompatibles. J’incite la population à plus de cohérence ». La preuve par l’exemple, le conseiller d’Etat fait référence au récent projet de porcherie refusé à Thierrens : « Si nous voulons que les animaux bénéficient de meilleures conditions de vie, alors il faut aussi accepter les projets permettant de meilleures conditions d’élevage ! ».
Réforme agricole
Avant la période 2014-2017, l’agriculture vaudoise s’est positionnée pour répondre aux exigences de Berne : « Nous avions alors négocié avec la Confédération pour éviter d’être pénalisés et se positionner en pole position », détaille Philippe Leuba. Si les autorités fédérales avaient annoncé une réforme agricole visant une meilleure utilisation des ressources naturelles, le canton avait déjà pris les devants dans ce sens-là dès 2012 : « Ces dialogues nous ont permis de ne pas être pénalisés et d’obtenir le plafond de ces paiements écologiques ». Le conseiller d’Etat a profité de cette conférence de presse pour revenir sur les sarcasmes qu’il avait subis en début de législature : « Il s’agit du fameux paquet pour les porcs paille et soleil, où je m’étais permis de dire que le cochon vaudois serait le plus heureux de Suisse. Nous n’avons pas pu sonder le moral des cochons, mais les chiffres démontrent que notre ambition est réalisée », sourit Philippe Leuba. Le rapport de 58 pages fait également part d’une série de projets visant une utilisation efficiente des ressources naturelles. « Par incitations financières, ces démarches visent à tester des nouveaux systèmes en matière de protections des eaux, des sols et de l’air », réagit Frédéric Brand, directeur général de l’agriculture et de la viticulture (DGAV). Dans ce chapitre, on note la réduction des émissions d’ammoniac, l’introduction de techniques pour préserver les sols, une irrigation durable des cultures, des méthodes de traitements sans produits de synthèse, des appuis pour accompagner les exploitants à s’adapter aux changements climatiques, etc. « Pour un coût de 5 à 30 millions, ces projets sont majoritairement financés par la Confédération (en moyenne à 90 %) », souligne le directeur.
30 millions
Le Conseil d’Etat soumettra prochainement au Grand Conseil ses améliorations foncières (AF) pour 2021-2023. « Pour 30 millions de francs, il s’agit là de la plus importante somme de l’histoire », spécifie Philippe Leuba. Le précédent crédit-cadre destiné aux années 2019-2021 de 24 millions est maintenant épuisé. Conscient des difficultés du secteur, le canton continue dans sa lancée afin de venir en aide aux producteurs vaudois et les soutenir dans une production plus verte. « Souvent opposées, la production agricole et la protection de l’environnement sont tout autant indispensables », considère Philippe Leuba. Ce nouveau crédit-cadre allant jusqu’en 2023 s’inscrit dans la même ligne que le précédent avec la protection des eaux, le bien-être animal et la diminution des produits phytosanitaires.

La Ferme Ramseyer
Immergée en plein cœur du monde paysan, cette conférence de presse s’est tenue au sein de l’exploitation Ramseyer de Palézieux-Village. « Nous avons une communauté partielle d’exploitation au nom de mon frère et moi-même. Si l’on additionne ces deux exploitations, ce sont 820 hectares de terres cultivables en production bio ». Hormis son activité principale dans l’agriculture, la famille Ramseyer a fondé l’entreprise Palézieux Bio-énergie SA en 2015. Grâce au fumier, lisier, gazon et autres matières organiques issus de la production bovine, cette société produit de l’électricité. « Avec notre digesteur, nous arrivons à chauffer deux appartements, l’école de Palézieux-Village et notre exploitation ».