Vevey – Exposition temporaire et collection permanente
Au Musée historique, situé dans la « Belle-Maison », appelée aussi le Château, qui fut la résidence du bailli bernois

Christian Gottlieb, dit Théophile Steinlen (1779-1847), un « Petit maître » suisse.
Pierre Jeanneret | Son petit-fils est beaucoup plus célèbre ! C’est l’illustrateur et affichiste aux idées anarchistes Alexandre Théophile Steinlen (1859-1923). Christian Gottlieb, dit Théophile, lui, était originaire de Stuttgart. En 1816, il s’installe à Vevey où il ouvre une école de dessin. Parallèlement à son activité d’enseignant, il exerce en tant qu’« artiste-paysagiste ». Ses aquarelles, gravures et dessins au goût romantique plaisent surtout aux Anglais, en route vers l’Italie, qui traversent la cité lémanique. Théophile correspond parfaitement à la définition du « Petit maître ». On désigne par ce terme des artistes sans véritable génie, et qui certes ne contribuèrent pas à renouveler les Beaux-Arts, mais qui produisirent entre 1750 et 1850 des gravures représentant des vues topographiques, des scènes de genre et des costumes folkloriques. Les œuvres de Steinlen n’échappent pas aux clichés sur la Suisse chers aux touristes de cette époque : montagnes sublimes, nature magnifiée, activités paysannes idylliques… Ce qui n’empêche pas sa production d’être à la fois jolie, témoignant d’un métier sûr, et d’avoir une réelle valeur documentaire. On trouvera donc, dans l’exposition qui lui est consacrée, des panoramas de Vevey, des vues des châteaux voisins (Chillon, Rennaz, Châtelard, La Tour-de-Peilz), des bâtiments emblématiques de la ville comme l’Hôtel des Trois-Couronnes. Il montre aussi l’activité économique : moulins à eau, bateaux à voile sur le Léman transportant des tonneaux de vin, et bien sûr d’heureux paysans et vachers.
Les riches collections permanentes du Musée

Les visiteurs qui ne le connaîtraient pas en profiteront pour découvrir les collections fort diverses du Musée historique, lui-même situé dans la « Belle-Maison », appelée aussi le Château, qui fut la résidence du bailli bernois. Depuis 1986, elle appartient à la Confrérie des Vignerons. Un parcours chronologique permet de saisir les transformations de Vevey, à travers plans, tableaux, objets et meubles divers. De bourgade commerçante, elle devint une ville industrielle au 19e siècle (rappelons-nous ses fameux Ateliers mécaniques aujourd’hui disparus), avant de se muer en « la ville de l’image », qui abrite notamment le Musée de l’appareil photographique. Une salle est consacrée aux tableaux de F.A.L. Dumoulin (1753-1834). Ce Veveysan fut témoin des batailles navales franco-anglaises, pendant la guerre d’Indépendance des Etats-Unis. Il nous a laissé des toiles pleines des fureurs des combats. Une salle voisine présente une collection, fort originale, de serrures aux mécanismes subtils, rassemblées par un autre Veveysan, David Doret. Nos lectrices et lecteurs gardent sans doute de vivants souvenirs des Fêtes des vignerons de 1955, 1977, 1999 ou encore 2019. La visite de l’étage dévolu à cette grande manifestation veveysanne leur permettra de mieux comprendre sa genèse et son évolution. A travers images, photographies, affiches, costumes et vidéos, on en découvrira toute la symbolique mi-païenne (Bacchus, Cérès),
mi-chrétienne. Chaque Fête a eu sa musique, son livret, son esthétique. A l’origine cérémonie destinée à couronner les vignerons - tâcherons méritants, elle est devenue un spectacle de plus en plus important et coûteux… comme en témoignent les problèmes financiers dus à sa dernière mouture. Malgré le caractère un peu hétéroclite de ses collections, ou peut-être grâce à lui, le Musée historique de Vevey mérite d’être connu.
« Steinlen. Histoires de paysages » Musée historique de Vevey, rue du Château 2 – Jusqu’au 11 avril 2021, et collection permanente


de la Fête des vignerons

pour la Fête des vignerons