votations fédérales
Pour des multinationales responsables

Jean-Luc Kissling, Oron-la-Ville | L’initiative dite « Pour des multinationales responsables » demande que les entreprises qui ont leur siège en Suisse respectent également à l’étranger les droits de l’homme et les normes environnementales internationalement reconnus. Une lecture attentive du texte de l’initiative démontre à l’évidence combien elle est sensée, cohérente et modérée. On demandera aux entreprises concernées une vigilance « raisonnable », c’est-à-dire pas excessive. Les précautions qu’elles devront prendre ne tomberont pas du ciel: elles devront simplement s’exercer dans le cadre des droits et normes reconnus par la communauté internationale. Ce contrôle devra aussi s’appliquer aux entreprises à l’étranger qui dépendent des multinationales ayant leur siège en Suisse. La responsabilité s’applique uniquement lorsque la multinationale exerce un contrôle sur les activités sur place. Il n’y a pas de responsabilité civile pour les fournisseurs et les sous-traitants. Quant aux petites et moyennes entreprises, la grande majorité d’entre elles ne seront pas concernées Ces mécanismes équilibrés et logiques voulus par l’initiative visent à éviter que des entreprises suisses ferment les yeux sur les atteintes aux droits de l’homme et à l’environnement causées par leurs activités à l’étranger. De nombreux exemples sont décrits sur le site des initiants : Glencore exploite au Congo des mines de cuivre et de cobalt polluant gravement les sols et l’environnement. La même multinationale a causé une pollution majeure de l’eau au Tchad. Syngenta continue de vendre à l’étranger des pesticides
dangereux, depuis long-temps interdits dans notre pays. Le cimentier Lafarge-Holcim pollue l’air à Ewekoro, dans le sud du Nigeria avec des immenses rejets de poussières fines. Et la liste peut être complétée … Ces sociétés peu scrupuleuses doivent rendre des comptes. Le Conseil fédéral et avec lui tous les partis politiques reconnaissent que ces graves atteintes à l’environnement et aux droits de l’homme sont inacceptables. Mais les milieux de la « grande » économie, représentée entre autres par economiesuisse ont réussi à obtenir des Chambres fédérales un contre-projet indirect. Il suffirait aux multinationales de rédiger chaque année un simple rapport décrivant les mesures qu’elles entendent prendre en matière de gestion des risques. Quelle belle hypocrisie ! Toutes les grandes entreprises trans-nationales produisent déjà chaque année ce genre de rapport. Le contre-projet ne changerait absolument rien aux situations déplorables que tout le monde, semble-t-il, souhaite améliorer. L’acceptation de l’initiative est le seul moyen d’assurer que les activités économiques des multi-nationales ayant leur siège en Suisse s’exercent de manière respectueuse des gens et de l’environnement. L’initiative est soutenue par de nombreuse PME, par les églises catholiques et protestantes, par plus de cent trente ONG, par des ténors des partis de droite comme de gauche. L’initiative n’est pas un combat contre l’économie. Elle permet en fin de compte de soutenir les acteurs économiques qui se préoccupent d’éthique et de durabilité et ils sont nombreux. Le système de contrôles et de sanctions contre les entreprises « moutons noirs » permettra ainsi d’enrayer cette concurrence déloyale. C’est sans hésitation et sans risque pour l’économie qu’il faut voter OUI le 29 novembre. www.initiative-multinationales.ch