Assemblée d’automne du Groupement forestier Broye-Jorat

La grande salle de Vucherens accueillait, jeudi 13 octobre, l’assemblée d’automne du Groupement forestier Broye-Jorat, présidée par Daniel Henry qui déclara la séance ouverte à 19h30.

Manque de bras en forêt et pénurie de bois de feu

Ne suscitant aucune question, le budget 2023 fut adopté à l’unanimité. Un budget prudent en fonction de l’évolution du marché et de l’état sanitaire des massifs forestiers. Daniel Ruch, vice-président du comité, en remplacement de Daniel Sonnay, président, convoqué à une autre séance, présenta le rapport du comité de direction. « La Fête de la forêt qui s’est déroulée le 21 mai dernier à Corcelles-le-Jorat a remporté un large succès. Son but, faire découvrir les différents aspects aux habitants de nos communes. » Il souligna le manque de personnel en forêt, le 50% des jeunes bûcherons optent pour d’autres filières, ainsi que la difficulté à recruter des gardes forestiers et remercia l’équipe en place pour leur travail et les bonnes relations qu’ils entretiennent avec les municipalités et adressa aussi ses remerciements au bureau. Avec l’augmentation du fuel et de l’électricité, nous assistons à une pénurie de bois de feu. La demande en plaquette de chauffage est également sur la pente ascendante. 

Politique forestière vaudoise 2040 et Tree-app pour un avenir résilient et durable pour nos forêts

Damien Jordan, présenta la politique forestière vaudoise 2040 (PolFor22), un document adopté par le Conseil d’Etat, le 18 mai dernier. Elle est le fruit d’un chantier de deux ans ayant impliqué la participation d’un large panel comprenant des entreprises forestières, des propriétaires privés, des communes, des gestionnaires de forêts, des représentants de la filière bois, des organisations de protection de la nature, l’administration cantonale et fédérale, ainsi que des associations sportives et touristiques, soit plus de 80 participants. « 40% des espèces ont besoin de la forêt pour vivre. Avec une prévision de 1 million d’habitants dans notre canton en 2044, la démographie, le grignotage, l’augmentation des visiteurs, la hausse de la demande en bois, les modifications climatiques font pression sur les massifs qui couvrent 1/3 du territoire vaudois. » L’ambition de la PolFor22 est d’avoir des forêts résilientes et riches en biodiversité, productrices, sources de bois et de solutions pour décarboner notre société, accueillantes et havres de délassement, préservées et au bénéfice de zones de tranquillité, connectées et permettant à la faune de s’épanouir, pédagogiques, gérées avec professionnalisme, protectrices et aptes à faire face aux glissements de terrain et avalanches ainsi qu’à garantir le potentiel de filtration de leurs sols. Cette nouvelle stratégie fixe les principes clés qui participeront à façonner les forêts vaudoises du futur. Elle vise à concilier les exigences écologiques, économiques et sociales posées à la forêt, en garantissant une gestion forestière durable, en créant les conditions générales favorables à une économie des forêts efficace et novatrice. L’inspecteur des forêts du 5^e arrondissement présenta également la nouvelle application Tree-app, permettant aux propriétaires et gestionnaires des forêts de choisir les essences à planter, en fonction de trois scénarios prévisionnels pour 2070 : changement climatique actuel, modéré (+3.1° ./. 2% de précipitations) et fort (+4.3° ./.19 % de précipitations). « Avec le réchauffement, les étages de végétation prennent l’ascenseur. L’épicéa et le hêtre sont les variétés perdantes alors que le chêne sessile et le Douglas font partie des gagnantes. L’idée est de ne pas importer trop d’essences étrangères qui peuvent devenir envahissantes mais de favoriser celles qui résisteront. La forêt va toujours s’en sortir, en prenant son temps, mais l’homme va en pâtir, d’où l’importance de la diversité » assura-t-il.

Maintien du marché du bois en Suisse et inquiétude due à l’augmentation du prix de l’électricité

Didier Wuarchoz, directeur de la forestière affirma que les scieurs et les industriels sont conscients des changements et de la diminution des forêts de résineux, impliquant l’utilisation des feuillus pour la construction. Il faudra redécouvrir des méthodes, se réinventer et économiser la matière. Aujourd’hui, l’embellie induite par la demande étrangère s’essouffle. La demande des USA et de la Chine plonge. En Suisse, le marché se maintient. Le secteur de la construction reste robuste mais les grandes scieries ont réduit le volume de production. L’augmentation du prix de l’électricité inquiète. En Allemagne, on enregistre déjà la fermeture d’un fabriquant de panneaux, une industrie gourmande en électricité. Mathurin Pidoux, garde forestier, relata les différents soubresauts du marché du bois avec une forte augmentation de prix de tous les assortiments dans le premier semestre pour subir une diminution dès août pour le bois de service. Le déchiquetage feuillu et résineux a, quant à lui, profité d’une augmentation respective de Fr. 5.-/m³ et Fr. 6.-/m³. Grâce au bois énergie, le marché  du bois se porte bien. On constate avec la météo sèche et chaude que les arbres perdent leurs feuilles plus tôt et sèchent par le haut. Des fentes de sécheresse sur les troncs des foyards et des chênes sont apparues. « Préparant les plantations, nous avons eu des difficultés à trouver des plants de chêne en godets, car tout le monde se rue sur les mêmes essences. Nous avons été peu impactés par le bostryche cette année, mais nous craignons une recrudescence en 2023 » indiqua Marc Rod, garde forestier. 

Avant de clôre la séance, on mit à l’agenda le rendez-vous du comptoir d’Oron du 20 au 23 avril 2023. Le thème prévu sera « derrière chaque forêt se trouve un propriétaire » dans le but d’attirer l’attention du public sur le fait que la forêt est avant tout une propriété privée ou publique à respecter. On agenda la prochaine assemblée au 25 mai 2023 à Chavannes s/Moudon. Le président leva la séance et Etienne Cherpillod, syndic des lieux, invita l’assemblée à partager une sympathique agape.